Présentation
Éthiopie, pays d'Afrique de l'Est, situé dans la Corne de l'Afrique. Sa capitale est Addis-Abeba.
L'Éthiopie est limitée au nord-est par l'Érythrée et Djibouti, au sud-est par la Somalie, au sud-ouest par le Kenya, et à l'ouest par le Soudan. Héritière de l'ancienne Abyssinie (voir la partie Histoire), l'Éthiopie, ravagée au cours des vingt-cinq dernières années par les guerres et les famines, compte aujourd'hui parmi les pays les plus pauvres du monde.
Relief-Faune-Flaure
Relief >> L'Éthiopie couvre 1 133 380 km². Le cœur du pays est un haut plateau, qui couvre plus de la moitié de la superficie totale du pays et lui donne son unité géographique. Il est coupé en diagonale d'est en ouest par la dépression de la Rift Valley. L'altitude du plateau éthiopien décroît du nord au sud et d'est en ouest. Il est entaillé par de profondes vallées découpant de petits plateaux isolés et inaccessibles, les ambas, qui ont favorisé les révoltes et délimité les sécessions provinciales tout au long de l'histoire du pays. Le point culminant, situé au nord-est, est le Ras Dachan, qui s'élève à 4 620 m.
Le lac Tana, dans le Nord-Ouest, donne naissance au Bahr el-Azrak, ou Nil Bleu, appelé Abbay en Éthiopie et principal cours d'eau du pays. Des fleuves se perdent dans des dépressions fermées nées des bouleversements de la Rift Valley, comme l'Omo (Omo-Shungura), qui prend naissance dans la partie occidentale du plateau éthiopien et alimente le lac Turkana, et l'Aouach qui disparaît dans le lac Abbé. Par l'extension de son réseau hydrographique, l'Éthiopie est le « château d'eau » de l'Afrique orientale.
L'Éthiopie est comprise entre le tropique du Cancer et l'équateur. La sécession de l'Érythrée, en 1993, a privé l'Éthiopie de sa façade maritime sur la mer Rouge.
Climat >> L'altitude tempère le climat tropical. Dans la zone tropicale proprement dite — au-dessous de 1 800 m —, la température moyenne s'élève à 27 °C et les précipitations sont de l'ordre de 500 mm par an. La température moyenne décroît dans la zone subtropicale comprise entre 1 800 m et 2 500 m, incluant la plus grande partie du haut plateau éthiopien où elle avoisine 22 °C. Au-delà de 2 500 m, les températures sont plus fraîches (16 °C en moyenne) et les précipitations beaucoup plus abondantes (1 270 à 1 780 mm par an). La saison des pluies dure de juin à septembre. Elle est suivie d'une saison sèche, parfois interrompue en février ou mars par une courte période de pluies.
Faune & Flore >> Une végétation arbustive clairsemée couvre les régions les plus basses de la zone tropicale, tandis qu'au fond des vallées escarpées pousse une végétation luxuriante. La zone tempérée est une immense steppe.
La faune africaine est très largement représentée dans la plupart des régions d'Éthiopie. Les animaux de la savane, tels la girafe, le léopard, l'hippopotame, le lion, l'éléphant, l'antilope et le rhinocéros, partagent le territoire éthiopien avec les animaux du désert — le lynx, le chacal et la hyène.
Art & Démographie
La population éthiopienne était estimée à 74,8 millions d'habitants en 2006, soit une densité de 67 habitants au km2. La plupart des Éthiopiens vivant de l'agriculture, la population est très concentrée sur le plateau central, où les ressources agricoles sont les plus importantes. Sur la période 1990-1995, le taux de croissance annuel s'élevait à 3 %, ce qui représente un accroissement de 1,6 million d'habitants chaque année. En 2006, le taux de mortalité infantile atteignait 94 p. 1 000 ; l'espérance de vie à la naissance ne dépassait pas 49 ans.
Les Amhara, peuple de langue sémitique, habitent les hauts plateaux, au cœur de l'ancienne Abyssinie dont ils ont écrit l'histoire. Amhara et Tegréens, dont le foyer traditionnel se situe plus au nord, représentent le tiers de la population. Les Oromo, peuple de bergers et d'agriculteurs établis dans le Centre et le Sud-Ouest, forment près de 40 % de la population. Parmi les nombreuses autres communautés éthiopiennes, les Somalis sont implantés dans la région frontalière de l'Ogaden ; les Afars ou Danakil nomadisent dans la dépression du Centre-Nord, entre Djibouti et l'Éthiopie.
L'Éthiopie possède une très riche tradition littéraire, alimentée aussi par un grand nombre de traductions faites depuis l'ancien grec, l'arabe et d'autres langues vers le guèze et l'amharique moderne. Beaucoup d'aspects de la culture éthiopienne sont liés à l'histoire chrétienne du pays. Ainsi, la plupart des œuvres littéraires sont de nature théologique ou mythologique, tandis que l'architecture religieuse reflète une forte influence byzantine, notamment les monastères et les église monolithes.
Économie
Le produit intérieur brut (PIB) de l'Éthiopie était de 8 milliards de dollars en 2004, soit un PIB par habitant de 110 dollars par an, le plus bas du monde. Une forte sécheresse, la même année, a handicapé le redressement d'une économie bouleversée par le communisme et la guerre.
Le birr éthiopien (divisible en 100 cents) est la monnaie nationale.
Les échanges commerciaux avec l'extérieur sont faibles. En 2003, le pays n'exportait que pour 513 millions de dollars de marchandises, du café pour les deux tiers. Il importait pour 2,69 milliards de dollars, de manière plus diversifiée mais avec une prédominance pour les biens d'équipement. Les principaux partenaires commerciaux de l'Éthiopie sont les États-Unis, l'Italie, l'Allemagne et le Japon.
La topographie de l'Éthiopie rend les déplacements dans le pays difficiles. Beaucoup de régions restent inaccessibles par la route et d'autres sont insuffisamment desservies par les transports terrestres. De plus, la guerre a rendu la traversée du pays très délicate. L'avion constitue une alternative adéquate mais n'est guère utilisé. Des aéroports internationaux desservent Addis-Abeba, Diré Daoua et Jimma. La capitale est reliée par voie ferrée au port de Djibouti, situé à l'entrée du golfe d'Aden. L'indépendance de l'Érythrée en 1993 a privé l'Éthiopie de débouchés maritimes. Les accords entre les deux pays garantissant l'accès de l'Éthiopie à Massaoua et à Assab, sur la mer Rouge, n'ont pas été respectés, en raison du conflit entre les deux pays qui a éclaté en 1998. La construction d'une route liant la capitale éthiopienne à Nairobi, capitale du Kenya, a été achevée dans les années 1970.
Histoire
L'Éthiopie est considérée comme l'un des berceaux de l'humanité. C'est en effet dans la vallée de l'Aouach que l'un des plus anciens hominidés — Lucy —, âgé d'environ 3 millions d'années, a été découvert.
Durant le premier millénaire av. J.-C., des émigrants venus du royaume de Saba (actuel Yémen) traversent la mer Rouge et se mêlent aux populations chamitiques des hauts plateaux du Tigré. Le métissage entre les deux peuples constitue le fonds de la population actuelle.
Lorsque des musulmans envahissent l'Éthiopie en 1527 sous la conduite de l'émir Granne du Harar, le négus demande l'aide des Portugais dont une première ambassade avait rejoint en 1520 l'Éthiopie, connue en Europe sous le nom de royaume du Prêtre Jean. Les Portugais envoient une petite armée et les musulmans sont vaincus en mars 1542 à Anasta par les troupes de l'empereur Galaoudios et les Portugais. Les tentatives de catholicisation de l'Éthiopie par les missionnaires jésuites provoquent ensuite des troubles politiques et sociaux chez les coptes, pour lesquels la foi monophysite est indissociable du pouvoir politique et de l'identité éthiopienne.
Le xviie siècle voit la renaissance artistique de la culture éthiopienne, qui se trouve exposée aux influences de l'Europe occidentale et du monde musulman, notamment sous le règne de Fasilidas, qui fonde une nouvelle capitale à Gondar en 1632 et sous Yasous (1682-1706). À la mort de ce dernier, l'Éthiopie connaît une longue période de confusion dynastique et de déclin, durant laquelle le pays se morcelle. La seule force d'unification durant cette période est l'Église d'Éthiopie. Dans la décennie 1870, le principal ennemi extérieur de l'empire est l'Égypte : en 1875, le khédive Ismaïl Pacha étend la protection égyptienne au sultan du Harar et lance une attaque contre l'Éthiopie. Le négus Ménélik II, qui a établi sa capitale à Addis-Abeba, restaure la grandeur des salomonides en réunifiant le royaume éthiopien, en poussant ses conquêtes à l'ouest et au sud et en annexant l'Ogaden.
Avec l'ouverture du canal de Suez en 1869, la côte de la mer Rouge est livrée à la convoitise des puissances européennes, l'Italie, la France et la Grande-Bretagne, soucieuses de contrôler le bon passage de leurs navires. L'Italie s'empare des ports d'Assab en 1872 et de Massaoua en 1885. En 1889, Ménélik II signe avec les Italiens le traité d'Ucciali, en théorie un traité d'amitié et de coopération, mais dont la version italienne diffère de la version amharique. Les Italiens revendiquent ainsi le protectorat sur tout le territoire éthiopien. La guerre éclate entre les deux pays en 1895 et les forces italiennes sont vaincues à Adoua l'année suivante (1er mars 1896). L'Italie doit reconnaître l'indépendance de l'Éthiopie et les frontières telles qu'elles résultent de l'expansion de Ménélik — elles correspondent aux frontières actuelles.
Au début des années 1990, les échecs militaires en Érythrée, l'effondrement du bloc soviétique et, par voie de conséquence, la fin de l'aide en provenance des pays de l'Est affaiblissent considérablement le régime de Mengistu. Deux mouvements rebelles alliés, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE, ancien Front de libération du peuple du Tigré, restructuré et rebaptisé), et le Front de libération du peuple érythréen (FLPE, séparatiste), prennent le contrôle des provinces du Nord en 1990. Le FDRPE entre dans Addis-Abeba en juin 1991 sans rencontrer d'opposition et installe un gouvernement national intérimaire.
Sous la présidence de Meles Zenawi, le nouveau gouvernement entreprend la lourde tâche de reconstruire la nation. De son côté, le FLPE établit un gouvernement provisoire en Érythrée, que le nouveau gouvernement éthiopien reconnaît immédiatement. La guérilla se poursuit cependant dans le pays oromo et l'Ogaden. Après la chute de la dictature, la nouvelle Éthiopie essaie d'exorciser son passé. L'extradition de Mengistu, réfugié au Zimbabwe, est refusée par le gouvernement de Robert Mugabe. En 1995 ont lieu plus de 1 800 procès contre des responsables d'assassinats politiques (vraisemblablement entre 20 000 et 30 000 de 1974 à 1991). Sur le plan régional, les relations se tendent avec le Soudan, les forces sudistes bénéficiant de la bienveillance tacite de l'armée éthiopienne. Les relations avec Djibouti ayant été normalisées, les opposants afars au régime djiboutien sont privés de sanctuaire. En avril 1995, un accord est signé avec l'Érythrée, faisant des deux pays une zone de libre-échange. L'économie se porte mieux, les recettes de l'État sont toujours tributaires du café (50 %), mais les récoltes de tef (une variété de mil, base de l'alimentation) de 1997 sont excellentes.
En mai-juin 1998, un conflit armé, déclenché notamment par la création d'une nouvelle monnaie érythréenne, éclate entre les deux pays à l'instigation de l'Érythrée. Opposée à l'Éthiopie, l'Érythrée occupe des territoires éthiopiens qu'elle revendique sur la base de frontières délimitées à l'époque coloniale. L'Érythrée doit se retirer de la région de Badmé où l'Éthiopie a remporté une victoire militaire. Les diverses tentatives de médiation échouent, et les belligérants tentent d'impliquer dans leur querelle les clans somaliens, eux-mêmes en conflit. En février 1999, l'Éthiopie reprend la plaine de Badmé. Puis, après une trêve de plusieurs mois, elle envahit l'Érythrée (février-mai 2000). Afin d'inciter les deux pays à engager des pourparlers de paix, un embargo sur les armes, ainsi que sur le matériel et sur l'assistance militaire, est proclamé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Les troupes érythréennes se retirent alors des territoires qu'elles occupent depuis deux ans.
Le 30 mai 2000, sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), des négociations de paix sont entamées, qui aboutissent à la signature d'un accord de cessez-le-feu le 18 juin puis d'un « accord de paix global » le 12 décembre suivant, à Alger. Signé par le président érythréen, Issayas Afwerki, et par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, l'accord est également paraphé par le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, et par la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright. Il ouvre la voie au déploiement de la Mission des Nations unies en Éthiopie et Érythrée (Minuee), forte de 4 200 hommes et de 200 observateurs, dans une zone tampon de sécurité d'une profondeur de 25 kilomètres le long de la frontière. Ce conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes et provoqué le déplacement de 1,3 million de personnes.
En avril 2001, une grève lancée par les étudiants de la capitale, Addis-Abeba, est très violemment réprimée par les forces de l'ordre. Deux jours d'affrontements entre la police et les étudiants tournent à l'émeute et font une quarantaine de morts et plus de 250 blessés. En octobre 2001, Girma Wolde-Giorgis succède à Negaso Gidada. Ce député et homme d'affaires peu connu du grand public, âgé de 76 ans, est élu par le Parlement à la présidence de la République. Il tire son avantage d'être toujours resté à l'écart des nombreux conflits qui agitent la coalition gouvernementale.
Le 13 avril 2002, le processus de paix entre l'Éthiopie et l'Érythrée connaît une issue décisive avec l'arbitrage frontalier définitif rendu par les experts de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye. Les deux pays acceptent la ligne de partage retenue, compromis entre leurs différentes revendications territoriales. Les tensions demeurent vives toutefois le long de la frontière ; l'attribution de la ville de Badmé, notamment, est l'objet d'interprétations contradictoires. La situation politique interne demeure cependant critique, alors que le pouvoir maintient la pression sur l'opposition en restreignant notamment la liberté d'expression et que le pays continue de connaître des crises alimentaires aiguës liées à une série de sécheresses. Les élections législatives de mai 2005, qui se déroulent dans un climat de graves violences et irrégularités, confirment la suprématie du FDRPE et reconduisent Meles Zenawi au poste de Premier ministre.